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Cercle Pairspectives 31 Mai 2022 : Erik DECAMP et le sommet de l'EVEREST

Cercle Pairspectives 31 Mai 2022 : Erik DECAMP et le sommet de l'EVEREST

Dans le cadre du Cercle Pairspectives , nous avons eu la joie de vivre un moment d’exception et d’inspiration avec notre invité conférencier Erik DECAMP, guide de « très haute montage »

Erik nous a dévoilé l’importance d’être conscient de sa vulnérabilité en situation extrême lors des ascensions de haut niveau qu’il a réussi à gravir comme l'Everest, la face nord du Jannu ou la face sud de l'Aconcagua. 

Je vous invite en lisant ces mots que nous partage Erik, à regarder dans quelle mesure, cela fait écho dans votre actualité, quelle résonance peut-il y avoir dans votre actualité professionnelle : que ce soit en montagne ou dans l’entreprise, le corps et l’esprit sont essentiels pour avancer dans l’inconnu…

Pour Erik, l’ascension nous invite à nous questionner sur « ce qui change » car nous allons être fragilisé par l’environnement. Il s’agit de prendre conscience des seuils et de ce qu’il faudra décider. Nous serons amenés à en faire quelque chose, car ces changements de rythmes nous imposent d’être lent ou rapide. Mais attention au leurre : « L’espace de liberté que nous offre la montagne est en réalité un espace de contraintes » !

La cordée nous rappelle aussi que nous sommes dans l’interdépendance. Confrontés à la neige, à l’avalanche etc…, la peur, la confiance et la vulnérabilité deviennent alors des sujets délicats à aborder.  

Les situations que nous rencontrons nous apprennent quelque chose de nous-même sur l’inconnu car nous allons être confronté à une perte de repères qu’il s’agit d’évoquer en amont de l’ascension. La qualité de la relation dans les interactions s’appuie sur trois piliers : l’anticipation, la qualité d’attention et la pratique de l’accompagnement (être pédagogue, donner confiance et faire confiance car le lien de la cordée nous impose un accompagnement mutuel : faire attention à l’autre, assurer une veille mutuelle sécurisante, qui n’est du contrôle !

Il s’agit d’accueillir ces changements de repères, même s’il l’on a de l’expérience. Erik se pose toujours la question : qu’est ce qui est singulier et différent chez moi, chez l’autre, car je vais devoir aller puiser dans mes ressources, me faire confiance et accepter ce qui n’est pas prévu. 

Le tempo, y aller pas à pas, faire attention sont essentiels, car pour arriver au sommet de l’Everest à 8 849 m, il faut monter ET de redescendre pour s’acclimater ET mieux remonter ! 

Nos sensations, nos ressentis, être à l’écoute de son état, notre corps nous envoie des signaux faibles auxquels il faut être extrêmement attentif. Il faut aussi être conscient du risque de l’impatience d’y arriver. Avoir envie de réussir c’est aussi avoir la peur de pas réussir et donc vouloir aller trop vite. Il va falloir revenir au camp de base pour consolider notre avancée, éviter d’être focalisé sur l’objectif à atteindre car l’on risque de ne pas être attentif à ce qui se passe ici et maintenant. 

En altitude lorsque l’écart de perception devient une « norme » le danger arrive.

L’équilibre des risques ! Oui, on ne peut pas se permettre de passer du temps là-haut car quelque chose de radical va émerger : le risque de la lenteur. En réalité, il y a une « transformation silencieuse et lente » qui s’opère en nous, sans que l’on s’en rende compte si l’on n’y prête pas attention. Notre mémoire devient moins fiable, il s’agit de faire un effort de volonté qui va diminuer. Les moments où nous devons agir deviennent dérisoires… J’ai alors une remise en question très profonde quand je vis cela : l’accepter et en faire quelque chose pour avancer dans l’expérience de la fragilité, de la vulnérabilité qui émergent… 

La prise de décision est réflexe, il faut alors faire appel à d’autres ressources, puiser dans notre nature éthique : qu’est ce qui va être acceptable ou inacceptable ? Pour décider il faut en parler avant d’arriver au sommet, connaître les positions de chacun, se porter garant de ses repères, se regarder agir, avoir le courage de dire ce qui se passe à chaque instant pour chacun d’entre nous. 

Arriver au sommet, si c’est bien d’être là, ce n’est pas fini ! le risque de se satisfaire c’est de lâcher nos essentiels alors que c’est seulement le début de notre accomplissement. Nous devons nous désengager du pouvoir, de la réussite et de l’excellence, nous défaire de cette puissance symbolique. Ma responsabilité à l’égard de l’autre c’est la sécurité que je lui apporte et vice versa, il faut éviter la confusion entre la difficulté et le danger. Être de nouveau clair sur ce que l’on a en commun, sur ce qui nous différencie et faire vivre ce qui nous relie. 

Je suis capable de saisir les peurs de l’autre, d’être dans ses yeux, son être et de le rassurer. Ce qui accélère la mise en confiance , c’est que chacun joue le rôle de l’autre :  ce sont les autres qui savent même si je sais que la relation de confiance est créée. 

Et ce qui me semble incontournable c’est de déverrouiller l’ambition de contrôler les écueils de l’expertise, de douter et décider, de mettre l’autre devant et « sortir mes antennes », partager ma position, mon processus. Il n’y a pas de maillon faible, mais un travail à faire sur le passage de relai et ma responsabilité vis-à-vis du faible c’est qu’il devienne le meilleur ! 

Ce qu’Erik a appris de lui et des hommes qui l’ont accompagnés c’est l’importance de l’engagement qui doit reposer sur le désir de faire cette ascension, de comprendre ce qui nous différencie dans notre perception d’être engagé, d’être curieux du rêve de l’autre, être sincère et de nommer clairement au nom de quoi chacun veut atteindre le sommet ! 

Après son allocution, l’attention des participants, le silence qu’Erik a su créer dans cette conférence ouverte, nous sommes repartis remplis et nourrit d’une force et d’une douceur qui nous a curieusement rassemblés dans les échanges qui ont suivis. 

Nous avons eu le sentiment d’être liés, d’avoir partagé une même cordée avec la joie d’avoir intégré ce qui peut renforcer avec intensité nos liens. Que ce soit une cordée, une équipe, que je sois un collaborateur, un manager ou un dirigeant, tous les ingrédients et les saveurs de la qualité relationnelle sont évoquées dans cette performance optimale. 

Notre métier de coach professionnel c’est aussi de créer chez nos clients des résonances sensorielles et cognitives qui nourrissent et renforcent les talents et les expertises de chacun(e), la vision et la stratégie de croissance de l’entreprise qui nécessitent en permanence d’engager le changement et la transformation eu égard à un environnement toujours en mouvement et donc incertain.

Le confort dans l’inconfort c’est aussi « se réjouir d’être qui nous sommes et se sentir vivant » pour donner du sens à ce que nous mettons en œuvre au quotidien dans notre cadre professionnel et personnel !

Merci à toutes et à tous pour ces moments précieux partagés ensemble qui me donne envie de faire vivre ce Cercle Pairspectives ! 

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